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19 mars 2024. L’ambiance n’est pas pesante aux Arènes de Lutèce. Le soleil brille, les oiseaux honorent les premiers soubresauts du printemps. Toute la matinée, des centaines de personnes, de tous bords, sont venues rendre hommage aux victimes de la rue. Leurs noms sont lus, certains récits de vie sont partagés, on chante, on se recueille… Il est question de dignité.
Parmi elles, certaines avaient quelques jours ou quelques semaines. D’autres avoisinaient les 90 ans. Autant de vies, autant d’aspirations guidées et traversées par des histoires différentes et complexes. Toutes ont pourtant un point commun : elles sont mortes de la rue et bien souvent seules. Si les causes de cette mortalité sont diverses et variées (accidents, maladies…), les paramètres qui mènent à un tel seuil de vulnérabilité sont structurels et résultent de choix politiques : désengagement de l’Etat envers le logement social, mécanismes de protection sociale malmenés, dématérialisation des services publics et non-accès aux droits, politique d’asile de plus en plus rigide… Depuis mardi, je ne cesse d’y penser : quel modèle de société sommes-nous en train de bâtir ?
En France, 656 personnes sont mortes de la rue en 2023.